«Notre profession doit être respectée», affirme le nouveau président du CQMF
7 juin 2022
PAR MATHIEU STE-MARIE ‒ ProfessionSanté.ca
Le nouveau président du Collège québécois des médecins de famille (CQMF), le Dr Alain Papineau, veut faire de la valorisation de la médecine l’une de ses priorités durant son mandat de deux ans.
«La valorisation, c’est un défi majeur. Nous avons de la difficulté à combler nos postes en médecine de famille. Le gouvernement doit reconnaître l’engagement et le travail des médecins en pratique. De plus, notre profession doit être respectée; ce n’est pas toujours le cas», a affirmé le Dr Papineau, en entrevue à ProfessionSanté.ca, mardi.
Il faudra toutefois plus que de la valorisation pour freiner l’exode des médecins, dans un contexte où plusieurs pensent abandonner la pratique de première ligne ou prendre une retraite précipitée. «Les médecins veulent quitter la médecine parce qu’ils en ont trop sur les épaules. Aussi, la COVID a créé énormément de fatigue, explique le Dr Papineau. Je crois qu’il faut revoir en profondeur le fonctionnement de la première ligne. Par exemple, il doit y avoir davantage de professionnels dans les GMF. Des équipes interdisciplinaires commencent à prendre en charge des patients. Je crois que c’est un pas dans la bonne direction.»
Le nouveau président se dit prêt à s’asseoir avec le ministre de la Santé, Christian Dubé, pour lui rapporter ce qui se passe sur le terrain. Le Dr Papineau veut également que son organisation occupe davantage l’espace public pour défendre les intérêts de ses membres et promouvoir leurs positions. «Nous sommes 4400 membres, je crois que ça vaut la peine que l’on puisse entendre nos points de vue», souligne-t-il.
Une expérience des régions
Le nouveau président est un membre de longue date du CQMF. Dès le début de sa pratique au début des années ’90, il a obtenu sa carte de membre. À cette époque, le Dr Papineau travaillait dans la municipalité de Maria, en Gaspésie. L’omnipraticien y a pratiqué pendant 25 ans et a participé à la transformation de la clinique universitaire de Maria en GMF-U.
«J’ai une expertise et une expérience des régions qui peuvent être très profitables dans mon rôle. Mais j’ai aussi fait ma résidence à Verdun et j’ai supervisé des résidents qui faisaient leur stage en ville. Donc, je crois avoir un portrait assez juste de la pratique de la médecine de famille au Québec», explique-t-il.
Il a notamment assumé la direction du programme de résidence en médecine de famille au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, une institution où il enseigne depuis 2007.
Président désigné depuis 2020, le Dr Alain Papineau a officiellement succédé à Caroline Laberge le 3 juin 2022 lors du Symposium sur les innovations du CQMF, qui s’est déroulé au Palais des congrès de Montréal.
Durant l’événement, les professionnels de la santé ont présenté 18 innovations. «Je pense que les innovations peuvent faire la différence dans la pratique au quotidien. Un de nos mandats est de les faire connaître.»
Notons que la journée précédant le Symposium, le Dr Papineau a rencontré le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot, avec qui il dit avoir eu une «franche discussion sur la problématique de la médecine familiale».
Programme de résidence de trois ans?
Le nouveau président et son équipe se pencheront au cours des prochains mois sur la pertinence et la faisabilité d’un programme de résidence de trois ans en médecine familiale, tel que recommandé dans un rapport du Collège des médecins de famille du Canada en janvier dernier.
Le CQMF fait partie d’un comité mis sur pied par le Collège des médecins du Québec (CMQ), qui comprend notamment les syndicats médicaux et le ministère de la Santé et des Services sociaux. Jusqu’à présent, deux rencontres ont eu lieu. Les parties ne s’entendent pas encore sur cette recommandation, mais le comité publiera un rapport sur la faisabilité d’un tel programme le printemps prochain.
«Le CQMF croit qu’il y a une nécessité d’avoir une troisième année puisque sans elle, le temps manque pour enseigner tout ce qu’il y a de nouveau dans le système. Toutefois, il faut démontrer au gouvernement qu’il y a une valeur ajoutée à cette troisième année», explique le Dr Papineau. Selon lui, la première cohorte du programme de résidence de trois ans devrait débuter entre 2027 et 2030, si cette recommandation est appliquée.